Jacques Perconte
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021
  23 novembre 2015  
Pireyre, Raphaëlle, Bref.
Ettrick
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Après M (Madeira), c’est encore le hasard de la rencontre de Jacques Perconte avec une terre inconnue qui a été le déclen-cheur d’un nouveau portrait paysager expérimental. Invité à présenter Impressions à l’Alchemy Film Festival de Hawick, le cinéaste découvre les borders écossais, la beauté des vastes champs où paissent les moutons, ainsi que la forêt privée d’Ettrick, aux arbres si serrés que l’homme peut à peine s’y frayer un passage. Au cours de ses deux séjours suivants, il filme, en regard de ces plans de contemplation de la nature, les images de son exploitation par l’homme: usines de filage de la laine qui donne le fameux tissu écossais et exploitation intensive du bois.
Poursuivant son travail plastique à partir d’une manipula-tion des codecs numériques (c’est-à-dire un travail sur la com-pression/décompression des fichiers qui modifie la perception de l’image tournée), Perconte utilise le support numérique pour transfigurer le paysage. Il enchevêtre ainsi moutons et tissus quadrillés folkloriques, substituant aux champs et forêts les machines qui les exploitent : le métier à tisser et les camions qui remorquent le bois coupé.
Contrairement à M (Madeira) qui faisait le tour de l’île en plans fixes, l’incursion écossaise fonctionne, elle, par plongées dans le territoire. Tour à tour longue vue et loupe, la caméra opère les mêmes mouvements d’approche et de prise de distance que le 4X4 qui traverse la profondeur de champ dans le premier plan. Ces effets de soudain basculement du point de vue comme du point d’écoute suscitent une surprise absolue à chaque appari-tion de plan. Car ce que l’on n’a pas encore dit, et c’est sans doute l’essentiel, c’est qu’Ettrick, en plus d’être un film sur le travail qui prend acte que la caméra est une machine capable de livrer une image de ses semblables, est un film de sensations. Le déferle-ment sensoriel d’une surprenante beauté qu’il provoque donne à ressentir l’émerveillement premier de l’image qui advient et rappelle à chaque plan ce qu’est l’expérience du cinéma.

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