Jacques Perconte
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  10 octobre 2020  
R. G., festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris.
Avant L'effondrement Du Mont Blanc
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Changement de rythme par rapport aux précédents films de Jacques Perconte, la caméra va vers le détail, circule horizontalement et verticalement dans une image globale, celle du Mont-Blanc. Par l’abstraction numérique, Jacques Perconte pousse à des degrés supérieurs notre perception du paysage.

FCDEP

Pouvez-vous revenir sur la genèse d’Avant l’effondrement du Mont Blanc ? Dans quel contexte votre film a-t-il était réalisé ?

JACQUES PERCONTE

La majorité des images d’Avant l’effondrement du Mont Blanc a été tourné en avion en avril 2020 autour du Mont Blanc. Le film inclus bien entendu une dimension écologique. D’ailleurs, j’ai des amis qui font de la montagne et qui sont au faite avec les effets du réchauffement climatique sur cet environnement, et notamment la fonte des neiges éternelles qui conduit aux fréquents éboulements et chutes de pierres.

FCDEP

Votre film présente de nombreux types d’images. Quel a été votre processus de création ? Quels techniques et matériels avez-vous utilisé dans sa conception ?

JACQUES PERCONTE

Les images ont été capturées en avion, celui que l’on voit un moment dans la vidéo. On peut y voir également des images d’anciennes cartes du massif. J’ai aussi procédé à des réutilisations d’images trouvées sur internet, d’avalanches notamment. Ces plans n’ont rien à voir avec le Mont-Blanc, ni même avec les Alpes, ce sont des images d’un massif américain. C’est rare que dans mon travail j’effectue une recherche aussi précise, mais j’avais une idée très claire de ce que j’attendais. Lors du montage, j’ai procédé à la transformation des images numériquement en laissant apparaître les vecteurs de mouvements. Ce sont ces fines lignes noires qui apparaissent à un certain moment. Par ces transformations, le film tend vers une forme d’abstraction. J’ai également travaillé les couleurs, notamment le blanc et le bleu qui sont omniprésents en haute montagne. Dans l’avion, j’ai choisi de tourner les images au ralenti pour pouvoir les accélérer ensuite. C’est ce qui donne ce côté frénétique à certains moments. J’ai voulu donner à voir la graphie du mouvement du monde, que l’on ne ressent que lorsqu’a lieu un cataclysme.

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Pouvez-vous revenir sur le titre du film ? Peut-on y entendre une insurrection écologique, notamment avec la fonte des glaciers et leur disparition ? En ce sens, votre film peut-il être rapproché à la collapsologie, discours qui intègre également cette notion d’effondrement?

JACQUES PERCONTE

Il n’y a pas de fatalisme chez moi vis-à-vis de la situation écologique. L’Effondrement dont je parle ne se limite pas aux théories collapsologiques, et j’ai d’ailleurs toujours voulu garder mes distances avec cette pensée de fin du monde. Au contraire c’est un phénomène naturelle. La perception que nous avons de cette idée d’effondrement est humaine, nous ne constatons que très récemment l’action que nous portons sur notre environnement. L’anthropocène. Hors la nature évolue au delà du bien et du mal. Bien sûr que la fonte du permafrost ne fait que s’accélérer. Paradoxalement le réchauffement climatique fait diminuer la taille des montagnes alors que la tectonique des plaques contribue à les faire grandir. Peut être que ce qui mène à cette vision collapsologue est la dernière partie du film. Cela dit, à l’origine, un texte venait accompagner les images du film, et il n’était pas question non plus de finir le film ce cette manière.


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