Jacques Perconte
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  1 octobre 2014  
Fargier, Jean-Paul, Turbulences Video.
Marche a l’ombre (des nombres) pont-saint-esprit (hi hi)
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Jacques Perconte, au printemps 2013, lors de l’exposition TRACE(S), où j’avais programmé son double grand écran, I love you, et sa jolie miniature agreste, Vaches, avait séduit Daniel Michel, le financier de la culture de l’Agglo, qui s’est empressé de lui passer commande d’une œuvre pour l’été 2014. A exposer au même endroit, le prieuré Saint Pierre, posé depuis dix siècles au bord du Rhône.

Et voici que ce 17 juillet nous revenons dans ce bâtiment clunisien dont la vaste nef est maintenant scandée par trois immenses toiles à vocation numérique. L’idée de Jacques est des plus simples, des plus risquées aussi : déployer une ode aux trois cours d’eau qui sillonnent la région – le Rhône qui baigne Pont-Saint-Esprit, l’Ardèche qui se jette dans le Rhône en amont de cette ville, et la Cèze qui le rejoint en aval. Un fleuve, deux rivières : tracer leur portrait n’est pas gagné d’avance, la confusion des flux guette le peintre numérique, surtout si le procédé est identique dans les trois cas. Procédé qui consiste à pervertir les pixels, à dégrader les matières, à aurifier les signaux en les plongeant dans un creuset de faussaire, habile à faire de l’or avec de l’eau, des arbres, des pierres, n’importe quoi. Tout dépend donc des matières premières, de leur capacité à résister à l’alchimie des nombres déréglés. Perconte se tire d’emblée de ce piège d’uniformité, par ses choix initiaux : il attribue à l’Ardèche une minéralité dominante, à la Cèze une verdeur native, au Rhône le roulement incessant des eaux les plus conquérantes. Ainsi après passage au filtre des effets, les images de chaque sujet peint par la caméra insistent dans un registre qui les singularise. On ne se lasse pas de contempler le glissement progressif vers l’abstrait des tons gris du calcaire des gorges de l’Ardèche, de la végétation irisée des bords de la Cèze, des ruades monstrueuses, en tous cas fauves, des eaux du Rhône, qui porte dans son nom (en provençal) la charge du taureau.

Tout diverge dans ce triptyque insolite. Au fil des dérives numériques des nappes déstructurées et des paysages superposés à eux-mêmes, les couleurs initiales se gorgent de teintes inouïes, de coloris rares, de pigments concassés, broyés, mélangés par un pinceau fou, visionnaire. 

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