Avec l'appareil Kodak « prêt à l'emploi » qui apparaît en 1888, la photographie devient un passe—temps accessible et populaire. C'est ainsi par réaction chez certains amateurs euro— péens, voyant dans l'instantané pur une vulgarisation privant la photographie de son potentiel artistique, qu'est né le mouvement pictorialiste. Ces photographes remettent donc à l'honneur les techniques archaïques, font l'éloge du flou et interviennent manuellement sur les négatifs et épreuves. En faisant disparaître les traces du photographique, ils voulaient rattacher leurs réalisations à l'univers plus idéal des beaux—arts. Le pictorialisrne a été grandement mis à mal dans l'historiographie. On y a vu un chant du cygne réactionnaire face à une photographie qui s'émancipait par l'expression de ses qualités propres. Il a fallu attendre la fin du 20e siècle pour redécouvrir la complexité de ce mouvement, loin d'être une opposi— tien binaire entre des tenants d'une tradition mourante et le langage d'un médium que l'on commençait à peine à comprendre.

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Cela fait partie de tout un pan de l'art contemporain qui, dépassant le domaine du photographique, s'est intéressé au flux numérique lui—même. Par la modification des données, ces artistes font ressortir la nature des images de notre temps pour mieux les asservir à leurs fins. Dans cette veine, Éric Rondepierre, dans sa récente série « DSL », s'approprie des images télévisées de films de François Truffaut ou Jean—Luc Godard déformées par les erreurs de décryptage“. Jacques Perconte, quant à lui, intervient en direct sur les flux chiffrés de ses propres films, puis en extrait à l'occasion des captures (fig. 1). Pour ces deux artistes, outre une mise en avant de la nature même de l'image, se rattachant à la tradition moderniste, l'acte créateur procède d'une part de romantisme et de désenchantement.