Jacques Perconte
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  13 septembre 2012  
Aumont, Jacques, Trafic.
Histoires d’accrochage
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J’ai dit ailleurs 1 pourquoi je ne crois pas à de tels bouleversements dans la nature
de l’image en mouvement : l’image captée par toutes les caméras, numériques ou
argentiques, est toujours une image analogique de la réalité, et même une image
automatiquement analogique. La technique numérique permet de manière très souple
de modifier la prise de vues, de la traiter 2 – mais pouvoir faire quelque chose (trafiquer
l’image) n’implique pas qu’on doive le faire. Beaucoup de critiques raisonnent,
sur fond de confusion anglophone entre « analogique » et « argentique », comme si
toute la production d’images mouvantes consistait désormais en images retravaillées
sans fin : or cet impressionnant pouvoir de transformation de l’image que possède la
technique numérique trouve son emploi le plus constant dans des blockbusters pour
ados. Le cinéaste a peut-être, en général, acquis la liberté du peintre, mais je suis
frappé par la rareté des tentatives frontales de production d’images mouvantes qui
aient l’air peintes. Sans doute parce qu’à une époque où on voit revenir, en silence
mais copieusement, la peinture figurative, l’idée d’un cinéma peint (le plus souvent
assimilée, elle, à l’abstraction) n’est plus du tout dans le Zeitgeist. L’image mouvante
abstraite, surtout pratiquée dans le cadre du cinéma « expérimental », reste associée
à la peinture directe sur pellicule, comme l’exemple majeur du dernier Brakhage en
impose encore l’idée. Trouver un équivalent de la touche picturale en exhaussant le
pixel, fausser les couleurs comme un Nabi ou un Fauve, jouer de la limite entre la
figure et sa perte : le numérique permet tous ces jeux figuratifs – mais je n’en ai
encore vu que peu d’exemples 3, et je reste sur l’impression sans doute trop simple
que le numérique reste voué à la production de l’irréel et du merveilleux – ce qui est
légitime et parfois amusant, mais limité (si le cinéma avait dérivé tout entier des
fantasmagories de Méliès, quel ennui c’eût été !).

Une exception : les impressionnants paysages néo-impressionnistes de Jacques Perconte (vus entre
autres à la Galerie G, à Paris, en octobre 2011). Voir son site, .



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