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Du côté de la compétition, M(Madeira) de Jacques Perconte fut chronologiquement le premier ravissement du festival. Le cinéaste, plasticien du numérique, compose un portrait de Madère impressionniste, à l'aide du data†moshing†et autres procédés de distorsion, de décomposition de l'image pixellisée. Le résultat est d'une grâce infinie. Perconte se fait vidéaste paysagiste, et retrouve la tradition picturale par le biais des nouveaux médias d'enregistrement. Outre les compositions bouleversante sur les couleurs et les lumières, Perconte travaille sur les vibrations du réel, et sur les implications de leur représentation par le numérique. Car si le grain de la pellicule reproduisait le mouvement de la vibration du monde, le numérique menace toujours de figer ce qu'il présente. C'est ainsi que des images s'immobilisent dans M†©Madeira®†, tandis que d'autres surgissent en leur sein; pour le dire autrement, on voit ici des images s'interpénétrer, se travailler les unes les autres de l'intérieur. Le résultat est magnifique, et il faut saluer le festival de donner à un tel film la même importance dans sa programmation qu'aux fictions et aux documentaires.