Dans l’obscurité du Générateur, l’artiste Jacques Perconte, plasticien et réalisateur, nous invite à suivre les différentes ascensions d’alpinistes à travers les Alpes dans un film poétique et immersif.
Installé dans les 400m2 du Générateur, à Gentilly, un écran de 25 mètres de long diffuse, sans début ni fin, le voyage onirique de Jacques Perconte. Un hommage aux conquérants de l’inutile ? Pas sûr. Une ode au sport ? Pas vraiment : « Si j’avais été sportif, peut-être que j’aurais pu parler du sport. Mais, je suis cinéaste et je parle des images. Je ne connais pas grand-chose au sport », reconnaît-il au sujet de son œuvre. Ainsi, l’alpinisme devient matière à créer, et l’envolée sportive des grimpeuses, elle, devient féérique grâce à la caméra de Perconte. Le réalisateur français poursuit : « Ce qui me fascine, c’est cet amour qui sait accueillir toutes les dimensions de la passion et faire de n’importe quelle occasion, extrême ou paisible, le lieu d’un rayonnement subtil de l’âme, celui seul qui propage le sourire qui peut toucher chaque personne qui le verra. »
Peinture numérique
Cette vision poétique du sport est mise en exergue par le Générateur, qui laisse toute la place à l’installation pour se déployer. Uniquement éclairé par les images de cette installation vidéo, l’espace au sol bétonné dépouillé de toute cloison amplifie ainsi les sensations transmises par Perconte : entre effort soutenu et calme des paysages explorés, l’expérience visuelle alterne les séquences antagoniques, qui créent pourtant un tout cohérent, proche de la peinture.
Ce résultat, Jacques Perconte, en est d’ailleurs pleinement conscient : « La question du paysage dans l’histoire de l’art m’a réellement occupé quand j’étais jeune. J’avais l’impression que les artistes avaient su révolutionner leur technique, emportant la question de la représentation vers celle de l’expression. Jamais je n’aurais imaginé m’embarquer dans une aventure visuelle par le film, et le numérique qui m’aurait fait entrer dans une conversation avec l’histoire de l’art. Une conversation qui malgré moi ramène sans cesse la peinture au premier plan. Si jamais je n’ai voulu la rappeler, était-ce possible que cela se passe autrement ? Sommes-nous capables de voir ces images de paysages marquées d’artefacts visuels, traces du médium, sans nous projeter dans les relais de notre culture visuelle ? Je ne peux pas empêcher la peinture. »
Entre captation d’images réelles et résultat presque abstrait, L’effort, le monde s’inscrit déjà dans une Histoire de l’art cyclique en revisitant les notions de corps en mouvement, d’impression ou de paysage naturel à la sauce numérique. Au passage, l’œuvre parvient à ériger son créateur en Claude Monet 2.0. Brillant.
- L’effort, le monde de Jacques Perconte, jusqu’au 13.07, Le Générateur, Gentilly.