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Après la fin de la première partie, nous trouvons une deuxième section consa- crée au travail d’un artiste : il s’agit ici de Jacques Perconte, qui, depuis le début des années 2000, explore les possibilités plastiques des images numériques, avec tous leurs degrés de définition et tous leurs artefacts pixelisés, à travers un corpus de films, d’installations, de vidéos génératives et même d’opéras musicaux, reliés à la grande tradition de la peinture de paysage, romantique et impressionniste en particulier14. Dans son texte « Bien plus fort que la haute définition », publié pour la première fois en 2010, Perconte affirme travailler sur « la force radicale de la matière numérique », en explorant en particulier ses relations avec les matériali- tés atmosphériques du monde naturel – air, nuages, vapeurs, brumes, pluie, eau, mer, vagues… – avec leurs énergies, leurs vibrations, leurs manifestations sen- sibles, visuelles et sonores. Les images qui suivent le texte de Jacques Perconte, extraites de la vidéo générative Le Tempestaire (2020), conçue et réalisée avec une référence explicite au film homonyme de Jean Epstein Le Tempestaire (1947), montrent clairement la manière dont Perconte s’empare des images captées par ses caméras numériques afin de les soumettre à un travail en profondeur sur leur struc- ture codée, qui en libère tout le potentiel plastique. Perconte intervient sur les for- mats de compression et sur les procédés de décompression : il les détourne et les déstructure, afin de retrouver des dynamiques aléatoires et imprévisibles que les usages standard des caméras numériques et des formats de compression tendent à éliminer. En tant que vidéo générative, dans laquelle chaque image est retravaillée en continu par un logiciel, ad libitum, sans une durée définie, Le Tempestaire de Perconte nous montre aussi la possibilité des technologies numériques d’explo- rer des nouvelles temporalités avant cela inaccessibles à l’image en mouvement : dans ce cas, la temporalité d’une durée métamorphique, sans cesse renouvelée et potentiellement infinie.
La haute et la basse définition des images
Ce texte est paru pour la première fois dans N. Brenez, B. Jacobs (dir.), Le Cinéma critique: de l’argentique au numérique, voies et formes de l’objection visuelle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, p. 233–40.